EXPOSITION DE RESTITUTION

EXPÉRIMENTATIONS #20

13.01 — 24.01.21

Béatrice BAUER

J’aime photographier les accidents du paysage.

 

En milieu urbain,  je me plais à arpenter les lieux dont la destination, au sens urbanistique, est mal définie : il peut s’agir d’espaces encore inachevés ou en transition, de friches en rupture laissées à l’abandon, de zones construites mais chaotiques et qui posent question par rapport à l’idée que l’on se fait d’un territoire organisé de façon harmonieuse et fluide au service du bien-être de ses habitants.

 

Pour cette exposition, j’ai fait le choix de deux photos issues d’une série d’images prises sur un chantier : des films de plastique blanc bâchent des monceaux de terre en voie de dépollution. Ils sont fixés de façon anarchique avec des pièces de bois qui s’apparentent à des chevaux de frise. Les tâches blanches s’étendent, dérivent, barrent la vue, silencieuses et dramatiques.

 

Je n’en ai pas pris conscience sur le moment, mais ce chaos fait écho à notre actualité, à l’instabilité du monde actuel, entre masques chirurgicaux plissés qui recouvrent la moitié de nos visages, la banquise qui fond ou les camps de réfugiés. Il n’y a jamais de hasard, notre inconscient est à l’œuvre lorsque nous appuyons sur le déclencheur.

 

Ce que j’apprends à La Chambre, c’est de poser des questions en images, dont la réponse est laissée au choix du spectateur, c’est de donner à voir une réalité, qui passerait, sinon, inaperçue, faute d’y prêter attention. La photo est un temps suspendu, un arrêt sur image qui force le regard du spectateur qui se demande pourquoi cette photo a été prise à tel endroit et à tel moment . Et c’est à lui de trouver la réponse.

 

Ce que nous apprenons aussi, c’est que le choix de l’accrochage fait partie intégrante du projet photographique. Ce choix doit supporter, amplifier le propos : ici il s’est voulu cohérent avec ce qui est visible : un tirage papier sans contrecollage, sans cadre, tenu en place par des clous sans têtes. Ils rappellent les pièces de bois qui maintiennent les bâches. Ils sont placées de façon irrégulière sur les bords perdus et sur la surface même de l’image.

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