VINCENT DEBANNE / DU ZHENJUN

Les oeuvres de Du Zhenjun et de Vincent Debanne ont pour point commun d’attirer notre attention sur les paysages urbains, à leurs limites, à l’endroit de leur devenir. Au centre de la ville et de sa démesure, l’homme semble en perte de repères, désemparé face à cet environnement qu’il a lui-même construit.

Dans ses images, Du Zhenjun questionne l’expansion urbaine, son exubérance et ses excès. De Shangai à Dubai, de Mumbai à Mexico, l’homme célèbre les bienfaits de la globalisation. Pourtant, derrière les murs de verre, la prospérité apparente et ses promesses recèlent une part d’obscurité. Ainsi, dans « Super Towers », Du Zhenjun présente-il une vision contemporaine de l’apocalypse où les buildings, symboles de puissance et de richesse, sont déjà sujets aux catastrophes naturelles et à la guerre à peine leur construction achevée. Les univers cauchemardesques que crée Du Zhenjun, s’ils nous rappellent les scènes infernales peintes par Jérôme Bosch, n’ont pourtant rien de fictifs. Chaques scènes qui composent les tableaux de l’auteur sont bien issues de photographies.

Vincent Debanne quant à lui présente deux séries photographiques qui toutes deux questionnent la représentation archétypale de la ville et le rapport de l’homme à son environnement. Avec « incidents », Vincent Debanne détourne les symboles du pouvoir et de l’autorité que représentent les hôtels de ville, préfectures, tribunaux… produits de l’urbanisme des années 60-70 des Villes Nouvelles. Ces bâtiments, exhibant clairement leur fonction de gouvernance, sont ici mis à mal par la fumée et le feu. Les acteurs en sont absents, les émeutiers restent invisibles, les forces de l’ordre ont déserté, la population se cache … Dans « Station », il photographie des voyageurs arrêtés dans leur trajet quotidien, en quête de direction. À ces portraits, il associe des paysages suburbains : préfabriqués aux allures de carton-pâte, architectures de béton, souvent surmontés de cieux annonciateurs d’une catastrophe imminente. Regards de stupeur ou d’incrédulité, bouches bées, gestes crispés sont autant d’attitudes qu’arborent les personnages et qui font basculer l’image vers une aventure commune.

 

Une coproduction La Chambre, Festival des Journées de l’Architecture, le Maillon

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Posté le

5 mars 2015