Figures de style

AU JARDIN DES DEUX RIVES

Vernissage COLORS
vendredi 06.09 — 18h

06.09 —
29.09.24

Le contexte des Jeux Olympiques organisés par la France à l’été 2024 a sorti la photographie de sport des magazines et médias spécialisés et l’a mise au goût du jour. Souvent très esthétique et spectaculaire, elle rend compte de la performance, de l’exploit, et s’attache à magnifier ces héros et héroïnes des temps modernes, les athlètes. Pour certains sports devenus olympiques récemment, l’histoire est un peu différente. Le temps est proche encore où ce qui s’écrivait en photographie était aussi et surtout une manière d’être et de vivre partagée par ceux et celles qui la documentaient, parfois eux·elles-mêmes riders. Certes la photographie atteste alors de la prouesse, elle documente les figures réalisées. Elle capte aussi les dégaines, les traces de chute sur les corps, les spots.

L’exposition au Jardin des Deux Rives conçue en partenariat avec Nouvelle Ligne, organisatrice du NL Contest – festival des cultures urbaines, raconte ces deux tendances de la photographie dans sa représentation des sports urbains. La Chambre présente Mathias Zwick et Loïc Laforge, deux photographes choisis pour leur travail sur le skateboard et la jeunesse, dans des pays marqués par la censure et l’enfermement. Réalisées en Iran en 2015 et en Cisjordanie en 2018, leurs séries racontent un ailleurs du skateboard. Détachées de l’actualité, elles donnent à voir la liberté et l’expression rendues possibles par le sport, et étendent les espaces investis par ces pratiques bien au-delà des contrées auxquelles on associe généralement les sports de glisse.

En regard de ces images en noir et blanc, Nouvelle Ligne présente des visuels réalisés par Bartosch Salmanski lors de l’édition 2024 du NL Contest. Ils racontent l’ambiance et les vibrations de l’événement dédié aux sports urbains qui rassemble amateur·es et professionnel·les. Les photographies rendent compte du niveau atteint par les athlètes et du caractère spectaculaire des figures réalisées. Elles donnent aussi à voir ces rapports particuliers qui prévalent entre rider·euses et définissent aujourd’hui encore la pratique des sports urbains comme appartenance à une tribu.

Les photographies sont exposées sur des panneaux disposés le long du Rhin, Promenade des Pensées, de part et d’autre de la passerelle Mimram, au Jardin des Deux Rives.

Partenariats

Un projet mené en partenariat avec Nouvelle Ligne et COLORS, dans le cadre de COLORS Urban Art Festival.

EN

The Olympic Games, which France is hosting in 2024, has brought sports photography back into the spotlight. For skateboarding, which recently became an Olympic sport, photography bears witness to performance, but also to a way of life. The exhibition at the Jardin des Deux Rives, conceived in partnership with Nouvelle Ligne, organizer of the NL Contest, presents images by Mathias Zwick and Loïc Laforge, dealing with skateboarding and youth in countries marked by political tensions (Iran and the West Bank). These images are set against visuals taken by the team of photographers present at the NL Contest 2024. They capture the atmosphere of the event and the spectacular nature of the tricks performed.

DE

Die Olympischen Spiele, die Frankreich im Jahr 2024 ausrichtet, haben die Sportfotografie wieder in den Vordergrund gerückt. Beim Skateboarding, das vor kurzem olympische Sportart wurde, zeugt die Fotografie von der Leistung, aber auch von ihrem Lebensstil. Die Ausstellung im Jardin des Deux Rives, die in Zusammenarbeit mit Nouvelle Ligne, dem Veranstalter des NL Contest, konzipiert wurde, zeigt Bilder von Mathias Zwick und Loïc Laforge, die sich mit Skateboarding und der Jugend in Ländern befassen, die von politischen Spannungen geprägt sind (Iran und Westjordanland). Diesen Bildern werden Visualisierungen gegenübergestellt, die von dem Fotografenteam aufgenommen wurden, das beim NL Contest 2024 dabei war. Sie geben die Atmosphäre der Veranstaltung und den spektakulären Charakter der ausgeführten Tricks wieder.

Mathias Zwick

Présentation

Mathias Zwick est un photographe basé à Strasbourg. Membre de la coopérative Inland, il mène des projets documentaires et répond à des commandes de portraits et de reportages pour la presse. Influencé par une esthétique cinématographique et souhaitant imprégner ses images de poésie, voire d’humour, ses travaux l’ont notamment mené en Iran avec les skateurs, au Kosovo avec les rockeurs, en Chine au cœur du système de notation des citoyens ou encore en Albanie le long de la dernière rivière sauvage d’Europe.

Sa série Une poussée vers l’Ouest est sélectionnée et présentée à Paris en 2017, au festival de la jeune photographie européenne, Circulation(s).

« Le vacarme est assourdissant. Sur le trottoir, toutes les têtes se retournent. À une vitesse infernale, une horde sauvage de 30 skateurs dévale les routes vertigineuses de la ville. T-shirts de marques américaines et skateboards représentant des têtes de mort, nous ne sommes pas en Californie, mais bien à Téhéran, en Iran.

L’Iran fait alors son grand retour sur la scène internationale. Mais les jeunes iraniens ont depuis longtemps adopté un style de vie occidental et underground. En 2015, je me rends là-bas afin de rencontrer les adeptes du skate de la République Islamique. Étant moi-même skateur, je peux les suivre dans huit villes, en immersion totale dans leur quotidien. Âgés de 15 à 25 ans et pour la plupart étudiants vivant chez leurs parents, ils sont près de 2 000 dans tout le pays. Mais avec les difficultés d’importation de produits venant des États-Unis et l’inflation qui touche l’Iran, le skate n’est pas accessible à tous. Alors que la capitale construit des skateparks, d’autres municipalités sont encore réticentes en raison de l’origine occidentale du skateboard. Pourtant, le skate est de plus en plus populaire en Iran. C’est même l’un des rares sports où la mixité existe. Casquette à l’envers vissée sur la tête, laissant à peine entrevoir le voile obligatoire, les filles s’entraînent aux côtés des garçons.

Adeptes des cultures occidentales, ces jeunes désirent voir leur pays entrer en réconciliation avec le monde. Zigzaguant entre vieilles voitures françaises et Paykan de l’époque du Shah, la route leur appartient. Nous emmenant bien loin de l’Iran des mollahs et des tchadors, les skateurs continuent de pousser vers l’Ouest. »

Loïc Laforge

Présentation

Diplômé de la Neue Schule für Fotografie de Berlin, Loïc Laforge est un photographe basé en Haute-Savoie. En 2015 et 2016, il développe son premier projet Touche d’espoir, réalisé en Palestine, exposé en France et en Allemagne. En 2022, son travail est présenté à Vienne dans le cadre du Rotlicht Festival. Il emporte également l’appel à projet de la maison d’édition Giostre Edizioni’s qui lui permet d’éditer son premier livre, Dans le silence, en 2023.

Loïc Laforge est lauréat de Perspectives, le programme d’accompagnement à la professionnalisation des jeunes auteur·es porté par La Chambre, et exposé avec quatre autres photographes dans son espace d’exposition, en février et mars 2024.

Loïc Laforge réalise sa série Touche d’espoir en 2015, lors d’un séjour qu’il effectue comme bénévole à l’association Skatepal, lors duquel il associe sa pratique du skate à la photographie.

« Skatepal est un projet associatif visant à initier les enfants de Cisjordanie, Palestine, à la pratique du skateboard par le biais d’enseignements, de prêt de matériel et la construction d’infrastructures.

Prenant part à ce projet en tant que bénévole j’ai saisi l’occasion de documenter les actions menées ainsi que la vie quotidienne des enfants palestiniens.

Pour les skaters du monde entier, un skateboard est plus qu’un simple jouet.
Il est un outil pouvant aider au développement personnel, à la confiance en soi et enseignant entre autres la persévérance, il fait lien entre corps et esprit.
Plus que cela le skateboard est un style de vie fait de partage, de voyage, de découverte, d’amitiés sans barrières de classe, « race », âge et sexe.
Il émane d’une culture prônant la réappropriation de l’espace urbain, permettant ainsi de l’observer sous un angle différent et de le percevoir comme une aire de jeux.

40% des Palestiniens sont âgés de moins de 15 ans et plus de 50% des jeunes ont du mal à trouver un emploi. Les possibilités culturelles, éducatives et sportives offrent aux jeunes la possibilité de s’impliquer de façon productive dans leur communauté.

Le skateboard, dans de tels contextes, est alors un message d’espoir et de résistance : continuer de s’amuser, rire et sourire… continuer de vivre, exister et résister. »

Bartosch Salamanski

Présentation

Bartosch Salamanski est né en Pologne et a grandi en Allemagne ; il s’est posé en Alsace il y a quelques 30 ans. D’abord actif dans le milieu du Live, il photographie concerts et événements mais explore aussi paysages et architectures, notamment lors de ses balades matinales. Ce qui l’intéresse dans la photographie : la rencontre de l’autre, avec une prédilection pour les artistes, les artisans. L’image est pour lui avant tout un moyen de découvrir ceux et celles qu’il photographie, leur métier, leur univers.
Il arrive incidemment sur le NL Contest par le Turntableast Crew, la team des DJs dont il photographie régulièrement les concerts. Puis le sport, les athlètes, l’ambiance, le public, s’invitent progressivement dans ses images.
Aujourd’hui, il coordonne l’équipe des photographes du NL Contest et documente chacune des éditions.

Le NL Contest est un événement qui, le temps d’un week-end en mai à la Rotonde à Strasbourg, met à l’honneur toutes les nouvelles disciplines de sport urbain. Créé en 2005 par des riders professionnels dont deux champions du monde, il réunit désormais quelques 40 000 spectateur·rices à chaque édition.